A l'occasion du retour de la Dream Nation, nous avons eu la chance d'échanger avec une étoile montante de la scène dubstep française, Ivory. Le frenchy qui fait un carton aux US nous a parlé de l'expansion de la scène bass en France, ainsi que sur ses projets à venir !
Salut Andy ! Prêt pour ce soir ?
Ivory : Hello ! Je suis archi prêt ! Ça fait presque 2 ans que j'attends ce moment. Pas forcément la Dream Nation, mais juste le fait de pouvoir jouer quelque part, donc ouais, archi prêt !
Le public à l’air en forme, qu'est-ce que tu penses de l’énergie du public quand tu joues en France ?
Ivory : C'est quelque chose qui est vachement intime je trouve surtout quand tu es français. Pour avoir joué à l'international, le fait de pouvoir parler en français à un public français c'est quelque chose de vraiment unique que d’autres artistes ne pourraient pas forcément faire. Le contact que tu as en tant que français avec un public français est vraiment différent et ce soir je pense que ça va être vraiment incroyable. Je vois dans le public que les gens ont envie de faire la tête ce soir et on est là pour faire pareil.
Tu vas mixer en B2B avec Samplifire. Ça fait un moment déjà que vous bossez ensemble avec des EP et des collab. Depuis combien de temps est-ce que tu le connais et comment vous vous êtes rencontrés ?
Ivory : Alors l’histoire avec Sammy (Samplifire), elle est marrante, en fait on s’est rencontré sur Soundcloud à l'époque où les gens utilisaient encore beaucoup la messagerie de la plateforme. J'étais tombé sur sa musique je sais plus exactement comment, un peu par hasard surement et je lui avais envoyé un message en anglais, puis il m'avait dit qu'il était français et tout est parti de là en fait « Ah bon, tu es français ? Tu viens d’où ? », et on a commencé à kiffer, on a fait des sons ensemble et ça a continué jusqu'à notre premier show ensemble qui date d’il y a longtemps. Honnêtement je ne peux pas donner une date exacte parce que je m’en rappelle même plus, mais ça doit faire au moins 6 ou 7 ans quelque chose comme ça. 193 Records nous avaient bookés ensemble et depuis ce jour-là on ne s’est jamais lâchés. Musicalement parlant on est dans la même vibe, je kiffe ce qu’il fait, il kiffe ce que je fais et c'est tout bénef de trouver une sorte de paire, avec qui tu t'entends super bien. On n’a pas de duo ou quoi que ce soit, mais c'est vraiment un bon pote avec qui je m'entends très bien et avec qui musicalement le feeling passe, du coup on a fait beaucoup de trucs ensemble.
En ce moment il y pas mal d’artistes bass qui marchent très bien côté français. On pense aux Dirtyphonics, à Ecraze & Grapyht, Samplifire, toi-même, qu’est-ce que tu penses de la scène bass music en France ?
Ivory : Alors honnêtement, j'ai l'impression que depuis quelques temps, il se passe quelque chose de fou dans la scène bass music en France, il y a énormément de monde qui émerge. En fait, la nouvelle génération a une niaque de malade, ils sont beaucoup plus présent sur les réseaux sociaux que nous, ils sont beaucoup plus dans l'ère d'internet que nous. En plus de faire du bon son, ils ont déjà cet instinct de communiquer avec les gens et d'échanger sur les réseaux. Ça fait un an ou deux que je me rends compte qu'il y a énormément de monde en France qui fait de la bass music, que ce soit du dubstep ou même de la drum & bass, et dans le dubstep principalement, je pourrais citer une quarantaine d'artistes, limites qui sortent de nulle part et qui sont en train de faire des sons de malade. Ils commencent à faire leur chemin dans les petits labels, et du coup moi concrètement, tout ça, ça me rend heureux. A l'époque où j'ai commencé dubstep on avait les Dirtyphonics qui étaient un peu les pionniers de ce qui se faisait comme bass music en France, et là, la nouvelle génération suit, on a de plus en plus de monde et c’est super cool. On se sent moins seul, on se sent en équipe. La scène bass music, en tout cas dubstep elle est principalement aux États-Unis et le fait d'avoir une grosse team en France ça renforce un peu la confiance, l'esprit d'équipe et c'est un sentiment qui n'est pas du tout négligeable.
On voit de plus en plus de soirée qui émergent et on voit qu'il y a du public pour répondre à ces soirées. Donc on voit que ça plait en France, c’est cool !
Ivory : Oui, on sait que le dubstep ça ne va pas ramener autant de monde que la techno ou d’autres styles de musique électronique ou même de musique en général, mais la plupart des shows qui se font avec des artistes qui sont relativement connus sont sold out. Globalement c'est sûr que ce n’est pas le style de musique le plus réputé en France mais si tu vas dans d'autres pays c’est un style qui est beaucoup plus réputé qu’ici ett c'est cool de voir que justement des shows arrivent à se remplir ici, qu’il y a des sold out, qu’il y a est plein d’artistes qui se font booker, des petits comme des gros. C'est super, j'espère que le post COVID va permettre à d’autres artistes de pouvoir émerger sur la scène parce que tout le monde a besoin de se représenter tout le monde, tout le monde a besoin de kiffer en soirée.
On voit qu’il y a une grosse communauté, parce que quand tu vois des festivals comme la Dream Nation ou Animalz faire des évents avec plusieurs milliers de personnes et être sold out, on se rend compte que ça attire du monde.
Ivory : Oui, c'est incroyable, ça fait super plaisir ! J'espère que ça va continuer à se développer et qu'on verra de plus en plus d'évènements de cette envergure car ça met la scène en avant et ça aide énormément les artistes à monter.
Pour parler du covid, comment s’est passé ton confinement en tant qu’artiste et est-ce que ça a changé ta façon de travailler ?
Ivory : Ça n’a pas changé ma façon de travailler parce que je suis quelqu’un de très casanier. Ça fait quelques années que je m'enferme littéralement dans la maison ou au studio et que je bosse sur la musique, je fais que ça. Enfin pas forcément que sur ma musique, je donne des cours, je bosse un peu, je reste dans le domaine de la musique mais je bosse H24. Du coup, honnêtement le confinement ça n’a pas trop changé choses par rapport au mode de travail. Cependant socialement parlant, c'est clair que c'était différent, je reviens au travail, le fait de ne pas pouvoir se représenter sur scène c'était quand même la moitié du travail pour l'artiste qui était foutu en l'air. Quand on fait du dubstep on a envie de pouvoir jouer ça sur scène et le fait de pas pouvoir se représenter c'était vraiment avoir la moitié du travail qui était mise de côté, c’était vraiment très frustrant. Personnellement je ne l’ai pas trop mal vécu, c'était un manque, certes, mais ça s’est un peu estompé avec le temps. Il y a un moment où je me suis dit « En fait, je ne vais plus jamais jouer de ma vie, c'est comme ça, je vais faire de la musique, partir dans d'autres horizons, essayer de nouvelles choses ». Mais bon on est là ce soir, réunis pour la Dream Nation, donc comme quoi finalement, il faut toujours garder espoir.
En parlant d’horizons différents, on a pu te connaitre sous des sides project, comme « The Wizard », est ce que ça t’intéresserait de te lancer dans une nouvelle aventure ? Est-ce que le covid t'a permis de réfléchir à une nouvelle orientation par exemple ?
Ivory : Alors oui, le COVID ça m'a ouvert plein de trucs de manière personnelle, mes goûts se sont élargis, mes connaissances en musique aussi. Je n'avais plus de pression vis-à-vis des labels, vis-à-vis des soirées, j'avais le temps qu'il me fallait pour faire ce que je voulais et j'ai passé ce temps à apprendre pleins de choses, à bosser sur plein de styles différents, à me perfectionner techniquement, que ce soit sur le sound design, le mixdown, la composition, et ça m'a permis de découvrir des choses que je kiff avec le dubstep, notamment la bass house. Il n’y a rien de vraiment lancé mais j'ai quelques trucs en préparation notamment une track avec Young, qui est là ce soir, j'ai pas mal de trucs qui arrivent et qui ne sont pas du tout dubstep, que justement j'ai voulu pousser pendant le COVID en me disant que j'avais aucune pression, aucune deadline. Je n’avais rien qui me forçait vraiment à faire du dubstep, donc je me suis dit pourquoi pas faire ce que j'ai envie de faire finalement. Et voilà, je me suis ouvert à la bass music sous toutes ses formes, drum & bass et bass house. Pour teaser un peu, j'ai un EP de drum & bass et un EP de bass house qui sortiront surement en 2022, vraiment rien à voir avec le dubstep pour le coup. Ça va peut-être en surprendre certains, notamment ceux qui me suivent depuis longtemps, mais pour moi c’est le début de de pleins de nouvelles choses qui ne sont pas que dubstep. Le dubstep ça reste quelque chose dans mon cœur mais c'est vrai que le confinement m'a aidé à m'ouvrir sur pleins de choses. Il y a pleins de beaux projets en approche.
Du coup petite question bonus, avec quel artiste bass tu kifferais collaborer ?
Ivory : Je ne sais même pas si on peut considérer ça comme de la bass mais quelqu'un qui m'inspire depuis toujours, sans forcément parler que du dubstep, c’est Kaytranada. Sa musique me transperce, c’est littéralement le mot adéquat. Je ne ressens pas ça avec beaucoup d’artistes, mais Kaytranada c'est vraiment quelqu'un que qui me fait vibrer et s'il y a quelqu'un avec qui j'aimerais faire la musique, c'est lui.
Après pour rester dans la bass music, ce serait Spaces Laces, parce que c’est quelqu’un que je respecte vraiment énormément. Il est clairement en avance sur son temps et il m’inspire beaucoup. J’ai pu faire un remix pour lui d'ailleurs et c'était un palier dans ma vie. Donc ouais, Spaces Laces j’adorerais collaborer avec lui.
Et si tu devais choisir un artiste pour faire une collab complètement insolite ?
Ivory : Hmmm très bonne question ! J’aimerai bien faire quelque chose avec quelqu’un qui chante, pas forcément quelqu’un qui fait de la musique électronique, mais par exemple un rappeur français ou quelqu’un qui fait de la pop. Même si ce n’est pas pour faire un son dubstep mais vraiment collaborer avec quelqu’un qui est dans un autre univers. Quelqu’un avec qui quand tu discutes, tu parles pas du tout de la même chose, malgré le fait qu’on fasse de la musique tout les deux. C’est vraiment quelqu’un chose d’intéressant et ça permet d’apprendre énormément, ça t’ouvre sur un nouvel univers. Comme je l’ai dit juste avant, m’ouvrir à d’autres styles que le dubstep m’a permis de découvrir d’autres choses que je ne voyais pas avant ou que je n’imaginais tout simplement pas. Que ce soit dans les arrangements, dans la vibes, dans ce que tu ressens en tant qu’artiste, ou en tant que personne qui écoute les sons.
Merci à Ivory pour cette interview